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Accueil > Histoire ancienne de Plougonvelin > Souvenirs d’enfance... > Un complice du paysan breton, son cheval ! > Les étalons : la parade de printemps

Les étalons : la parade de printemps

Nous sommes en 1950 ; un peu avant, un peu après, je ne sais plus.

En ce dimanche matin, à l’église, la basse messe va se terminer. Toute la campagne est là à cette heure matinale.

Chacun a hâte d’en finir car sur le parvis le garde champêtre attend pour donner les dernières nouvelles : " Avis à la population !... "

Tout à coup quelqu’un redresse la tête, puis un autre, puis un troisième Qu’entend-t-on au loin ? Serait-ce le cheval de l’Archange Gabriel qui percerait les nuées de ses sabots ?...

Le bruit se précise, se rapproche, se multiplie. Tous les dos courbés des assistants se sont redressés. Silencieusement ils s’interrogent du regard. Leurs yeux s’illuminent.

Hiriv eo ! Ingavet int ! (C’est aujourd’hui, ils sont arrivés !)

Comme tous les ans ils attendaient la visite des étalonniers de la région accompagnés de leurs plus beaux spécimens pour la parade de printemps. Un coup de pub dirait-on aujourd’hui.

Enfin : " Ite missa est ". Un dernier geste en direction du bénitier près de la porte de l’église et tout le monde se rue sur la place.

Le spectacle est là. Cinq ou six cavaliers mettent pied à terre et s’affairent autour de leurs montures, re-brossant les poils qui auraient pu être froissés durant le parcours.

Qu’ils sont beaux ces chevaux bretons, bien plantés sur leurs solides pattes trapues. Leurs robes baies, alezan ou grises attirent la curiosité alentour. Leurs crinières savamment tressées pour la circonstance dégagent leurs garrots et leurs poitrails musclés. Leurs yeux sont vifs, leurs oreilles dressées, leurs naseaux fumants.

Chaque présentateur doit donner à son étalon le plus de chances possibles d’être apprécié des propriétaires de juments. Pensez donc ! Il s’agit de la prochaine monte et de la réussite des poulinages à venir. L’honneur est en jeu, le portefeuille aussi ! Il faut amadouer le client en lui vantant les qualités de chacun de ces messieurs. Il faut aussi irriguer les gosiers au bistrot du coin. Cela fait partie du programme.

- As-tu vu Job, l’arrière train de "Tonnerre" ?

- Crois-tu que ma "Mignonne" se laissera faire par ce fougueux "Sultan" ?

- Je préfère "Néron" il sera plus doux pour ma "Marquise" !

Et l’heure passe et les verres se vident. Chacun se fait déjà une petite idée mais la décision ne sera prise que plus tard car les dimanches suivants d’autres parades auront lieu. Il y aura les Lannuzel de Keryel, Plougonvelin, Abgrall de Cohars, Le Hir de Tréméal et Podeur de Castelliouas en Ploumoguer, Coulloc’h de Mesbiodou et Bolloré de Mesquériec venant de Plouzané.

Ainsi se vit l’histoire. C’est une parcelle de vie de chez nous. Ce n’est pas une histoire mais c’est notre histoire à nous, gens de Plougonvelin.

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